Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/38

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v. 2583) ; stearc-heort, téméraire (id., v. 2288, 2552) ; windbland, un tourbillon de vent (id., v. 3146) et wollentear, baigné de larmes (id., v. 3032). Il surgit des vocables que l’on dirait d’invention récente, tels que byme, la trompette (id., v. 2943) ; daroth, le javelot (id., v. 2848), auquel Sarrazin attribue une affinité scandinave ; brenting, le vaisseau de haut bord (id., v. 2807), dérivant de brant, haut ; bune, la coupe (id., v. 2775, 3047) ; benn, la blessure (id., v. 2724, et cf., v. 2740 et 2904) ; gaedeling, le parent (id., v. 2617, 2949) ; stefn, la voix (id., v. 2552) ; sioletha, les eaux (id., v. 2367) et strengel, le chef (id., v. 3115). L’on peut apercevoir le développement de la langue au seul fait que les termes abstraits deviennent plus nombreux, p. ex. : cenlhu, la hardiesse (id., v. 2696) ; giohtho, le chagrin (id., v. 2267, 2793, 3095) ; milts, la bonté (id., v. 2921) ; onmedla, l’orgueil (id., v. 2926), que certains termes concrets prennent une acception figurée, comme gealdor, son et enchantement (id., v. 2944, 3052) ; gewitt, intérieur et conscience (id., v. 2703, 2882) ; hothma, obscurité et tombe (id., v. 2458), et que la dérivation multiplie ses produits au moyen des terminaisons ig et lic pour l’adjectif, p. ex. : gewiltig, conscient (id., v. 3094) ; grimlic, farouche (id., v. 3041, à côté de grim, v. 555, 1499, terrible) ; geomorlic, triste (id., v. 2444, auprès de geomor, affligé, v. 49, 1075), dom et end (sur le modèle de Demend, le Juge) pour les substantifs, p. ex. : cynedom, royaume (id., v. 2376) ; feormend, polisseur (id., v. 2256) et wergend, défenseur (id., v. 2882), et ian pour les verbes, comme dans blodgian, tacher de sang (id., v. 2692) ; fandian, découvrir (id., v. 2301 et 2454 à côté de findan, trouver, id., v. 1156, 2294) ; openian, ouvrir (id., v. 3056) et syngian, pécher (id., v. 2441) et fait naître des doublets tels que gen et gena, encore (id., v. 2859 et 2800), ou setl et sess, siège (id., v. 2019 et 2717). Enfin, il est curieux de constater, en vue des influences possibles venues du dehors, que les mots aeled, feu (id., v. 3015) ; elland, terre étrangère (id., v. 3019) et greot, sable (id., v. 3167) trouvent leurs analogues en vieux saxon qui, on le sait, a si fortement marqué de son empreinte la Genèse de l'école caedmonienne. La grammaire de la seconde partie admet des constructions plus variées et, outre le présent et le passé simple, maint exemple de temps composés formés avec les auxiliaires être, avoir et devenir (weorthan), p. ex. : id., v. 2283, 2450 ; v. 2266, 2301, 2321, 2381, 2397 ; v. 2692, 2843, 2962, 2983. Quant au style, il coule mieux dans cette moitié du Beowulf et ne semble plus aussi saccadé. La pensée suit son cours avec moins de heurts et le nombre beaucoup plus restreint des « lors » (tha) indique que le poète sait désormais exposer son sujet d’une façon plus régulière et plus logique. Il y a donc sous tous ces rapports une évolution heureuse et très apparente, dans la vieille épopée, de ses débuts à son dénouement.