Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/53

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l’a envoyé à bon secours pour nous,
pour les Danois de l’Ouest, [ce] dont j’ai espoir,
contre la terreur de Grendel ; à cet excellent [prince]
je dois offrir pour sa bravoure des objets précieux.
Hâte-toi, fais entrer tout ensemble
cette compagnie de parents pour que je [la] voie ;
de plus dis leur en paroles qu’ils sont les bienvenus
pour la nation des Danois. » [Alors vers la porte de la
390 grand’salle Wulfgar s’avança,][1] il rapporta [cette] parole à l’extérieur :
« Mon seigneur victorieux, prince des Danois de l’Est,
vous fait dire qu’il connaît votre noble lignée,
et qu’[arrivant] ici par-delà les tourbillons de la mer,
hardis dans [vos] projets, vous lui êtes bienvenus.
Ores vous pouvez aller dans vos habits de combat,
sous [vos] masques d’armée, voir Hrothgar ;
laissez [vos] targes de bataille, [vos lances en] bois,
[vos] épieux de carnage, attendre ici l’issue du palabre. »
Lors le puissant se leva, [et] autour de lui maint guerrier,
400 suite de vassaux de choix ; quelques-uns demeurèrent là
[et] gardèrent les costumes militaires, comme le hardi [chef] le leur ordonna.
Ils se dépêchèrent ensemble, comme l’homme les guidait,
sous le toit de Héorot ; [le vaillant d’esprit s’avança][2],
hardi sous le heaume, jusqu’à ce qu’il se tint dans la chambre[3].
Beowulf parla (sur lui brillait la cotte de mailles,
la cotte d’armes jointe par l’habileté du forgeron) :
« Salut, Hrothgar, à toi ! d’Hygelac je suis
parent et homme lige ; j’ai entrepris plusieurs
exploits dans [ma] jeunesse. L’affaire de Grendel
410 me devint manifestement connue sur mon sol natal ;
les voyageurs sur mer disent que cette salle se dresse,
le meilleur bâtiment, vide et inutile
pour chacun des guerriers, après que la lumière du soir
se trouve cachée sous la voûte[4] du ciel.
Lors ma nation me conseilla cela,
les meilleurs, gens circonspects,
souverain Hrothgar, [à savoir] que je t’allasse trouver,
pour ce qu’ils connaissaient ma force de puissance ;
eux-mêmes avaient noté, lorsque je vins des embûches de la bataille,

  1. Nous adoptons ici l’addition au texte proposée par Grein pour rétablir l’allitération défectueuse.
  2. Hémistiche ajouté par Grein pour compléter le vers.
  3. Ou « sous le dais. »
  4. Ou « sous la sérénité » en lisant hathor avec Heyne et Socin.