Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/138

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sa conduite austère, bien connue, rendit plausibles. Charles, tout mortifié d’un pareil changement, avait reçu l’injonction de s’épargner toute remarque à cet égard, et il avait obéi ; mais, en revanche, il exigeait que sa maman, dès qu’elle rentrait dans leur petite chambre, redevînt jolie, comme il disait.

Et il disait bien. Oui, sans doute, elle avait souffert, ma pauvre et charmante Fanny ; elle était amaigrie et décolorée ; mais c’était encore, c’était toujours ce regard pur et brillant, cette grâce intime, cette vivacité à la fois chaste, mutine et tendre ; et ce qu’elle avait acquis en beauté de plus qu’autrefois, c’était l’auréole chèrement gagnée, que la souffrance met aux nobles fronts, couronne vraie, non pas rêvée, et que les peintres chrétiens n’ont fait que matérialiser en un trait précis, extérieur. Oh ! comment pouvait-elle craindre de n’être pas belle ? car c’était de cette angoisse qu’elle avait souffert tout à l’heure et que, échappant au danger de se trahir devant mes regrets, elle était ve-