Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/30

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nous-mêmes et non dans l’objet de notre action.

« Mon histoire, monsieur, me dit-elle, savez-vous par où cela commence et par où cela finit ? par la misère. Pendant quelques années, j’ai eu de la jeunesse, un peu de beauté, quelques jolies robes et un grand amour ; puis le malheur m’a reprise, le malheur, dans lequel j’étais née et qui, assurément, ne me laissera plus.

« Mon enfance est confuse comme un rêve. J’entendais bien des choses sans les comprendre, et je voyais sans bien voir, — C’est ce qui sauve l’enfant malgré tout. — Nous vivions dans une vieille maison très-sombre, que pourtant j’aimais. On ne m’apprenait rien, on me défendait tout, et je n’avais d’autre distraction que d’aller jouer dans la rue avec mes frères et les autres enfants du voisinage. Mais on s’ennuie de jouer toujours. Nous nous battions parfois et nous