le zèle est cruel, fait fausse route. Si, par impossible, mademoiselle de Clarande était disposée à m’accorder sa main, j’aurais le regret de ne pouvoir lui tendre la mienne.
— Votre déraison est décidément plus complète que je ne le pensais.
— Non, non, reprit-il en s’animant, je ne saurais me reprendre aux douceurs de la vie, avec l’incessant souvenir de ma pauvre chère Berthe, malheureuse, torturée par ma faute !… par ma faute !…
— Par jalousie, sans doute ?
— Par dureté… elle était si douce ! — par autocratie… elle ne savait pas résister ! — par jalousie surtout ! j’ai connu toutes les angoisses de cette passion aveuglante et les ai fait partager injustement à son innocence !
— Vous vous calomniez, Auguste ; je ne croirai jamais que vous ayez pu faire souffrir une femme.
— C’est une triste histoire, allez, que je n’ai jamais dite et que je voudrais ensevelir à jamais. Si vous saviez quelles souffrances morales m’ont été infligées ! quelles paroles perfides ont été dites