Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de tendresse noué dès l’enfance par la jeune fille avec un descendant direct du grand corsaire de Louis XIV, nommé héréditairement Claude Bart, sans fortune d’ailleurs, et n’ayant que son titre d’ingénieur à mettre dans la balance. Il n’était pas douteux que l’élection de son rival ne dût être la ruine de son amour, et Claude Bart cherchait une arme pour le défendre.

Le hasard, dieu des amoureux, la lui mit au poing, voici comme. L’illustre Du Nez, — tragédien d’État et inventeur de la méthode « gutturolabiale », — tournait alors dans le département, à la tête de ses disciples du Conservatoire. Ils propageaient Mithridate, selon Talma et la doctrine. Comme l’annonce du chef-d’œuvre dans la cité flamande rabattait peu de racinolâtres sur la location, quelques visites aux notables s’imposaient au chef de la troupe propagandiste. Celle qu’il fit à Van Kerde, absent ce jour-là de ses chantiers, l’aboucha avec l’ingénieur. Au cours de la causerie, Claude Bart apprit ainsi de l’émule d’Épaton l’histoire de « l’assent » traité par la « voconasale » et le phénomène de sa récurrence. Qui en avait révélé le secret à Du Nez ? Le génie de la concurrence.