Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il faut croire que ce Philibert Torbier était l’un de ces séducteurs nés dont Lovelace est le type en littérature, comme Lauzun l’est en histoire, car ses aventures galantes n’en laissaient pour ainsi dire rien à glaner aux autres, et il n’était poules qui voulussent d’autre coq dès que celui-là, dardant sa crête, chantait. Aussi ne comptait-il plus ses duels, que Vénus, sa mère, lui faisait d’ailleurs, comme dans les poèmes homériques, presque toujours favorables.

Seul, Balzac nous expliquerait par quelle loi de nature un Philibert Torbier doit, logiquement, fatalement, de toute éternité, aimer une Géraldine, mais l’aimer à en mourir et jusqu’à jeter à ses pieds ses armes et son bouclier d’honnête homme.

J’omets de vous dire, et pour cause, qu’elle n’esquissa même pas un geste de résistance. Reconnue « sienne » au premier coup d’œil, elle fut aussitôt dans ses bras, docile aux dieux, et elle le suivit, sans même prendre congé du vieil oenophile, à son logis d’officier pauvre. Ils y vécurent l’un de l’autre, insatiables de cette possession qui paraît être la solution la plus scientifique du casse-tête chinois de la vie.

Comment le beau Philibert trouvait en Géraldine toutes les femmes en une seule, c’est ce