Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/225

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LE DIABLE EN BRETAGNE


Je pense à vous, bonnes gens de la glèbe, sur qui la nuit tombe si vite déjà dans la campagne déverdie, et à qui novembre tinte, avec celui des trépassés, le glas du chômage hivernal. De ce Paris qui flamboie en vos rêves et où vous avez quelque gars peut-être jeté dans la mêlée ouvrière, je vois, la-bas, entre mes livres, le hameau breton, noyé dans la brume violâtre dont s’encrêpent à présent nos crépuscules ; je marche à vous par les sentes ravinées où les vaches se hâtent d’elles-mêmes à la litière ; je reconnais les chaumières grises aux toitures rousses, où floconne lourdement le pompon de fumée, panache de la marmite ; et je viens pour vous distraire, car les tueurs de temps vous oublient.