Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/34

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cette anomalie, si, comme, la Faculté le professe, le mutisme n’est que la conséquence de la surdité.

Dans leur souci grandissant, les parents se décidèrent à consulter l’un des docteurs de cette Faculté. Il inspecta l’enfant, contrôla le jeu de ses organes, et, n’y découvrant rien que de rationnel, conclut à quelque retard de l’intellect expliqué, d’ailleurs, scientifiquement, par la prépondérance hyperphysique de la matière.

— S’il ne parle pas, décréta-t-il, il parlera, et, qui sait, comme Démosthène, peut-être. En attendant, exercez-le et tirez un peu au dehors l’âme tapie derrière cette masse adipeuse et qui paraît s’y garer de la pensée.

— C’est bien, fit résolument l’employé, il ne sera pas dit que j’aie mis au monde une brute. Dans huit jours, il dira « papa » ou j’y perdrai mon nom de Paul Legris….

Et il se mit sans répit à la besogne.

Ce fut en vain, il dut le reconnaître et s’en désespérer. Hilaire récalcitrait à toute imitation de son formulé. Même ce vocable, initial en toutes langues humaines, premier exercice de la phonation, diphtongue quasi animale encore et plutôt cri que mot, « papa », ne frappait les méninges du jeune anthropoïde ou du moins