Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses coteaux ; la seule de l’univers qui ait pu inventer de trinquer en heurtant les verres, de chanter au dessert, de faire des calembours, de dénouer sous la table la jarretière de la mariée et de construire des chalets sur les cimes des Batignolles.

Mais, sous ces puérilités de nature, quelle bonté, quel ardent sentiment du juste, du devoir même, quel dévouement aux idées généreuses et quelle commisération inépuisable pour les douleurs humaines !

Ces réflexions me venaient tandis que je prenais part à ce repas de famille, et devant la face épanouie du bon passementier, je me demandais si c’était bien là une de ces quatre-vingt-dix mille têtes que ce petit polisson de Vermesch réclamait pour fonder son Eldorado politique.

Je confesse ici que nous tirâmes les rois à la façon des pâles réactionnaires, et que la fève, qui était une dragée, échut à une délicieuse petite fille de huit ans, laquelle, sautant sur mes genoux, me proposa de partager avec elle le lourd fardeau de cette tyrannie d’une heure. Mon acquiescement scellé d’un gros baiser, le père fit sauter le bouchon d’une bouteille, jusque là réservée, et d’un ton d’ancêtre :