Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/48

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

naires et extraordinaires dont elle use, et, au bout d’un mois, elle était encore béjaune. Il faut mettre à sa décharge que l’assassin n’avait pas laissé plus de traces de son entité que le poisson dans l’eau courante. Le seul indice que l’on eût, bien vague, s’estompait dans une remarque de l’employé chargé de la réception des billets à la sortie des voyageurs. Ce commis croyait se souvenir que l’un des voyageurs sortants, individu chétif et rabougri qu’on eût abattu d’un souffle, s’était présenté à la porte, la tête emmitouflée sous le tube d’un foulard rose et avec l’aspect caricaturalement douloureux, ou, si l’on veut, douloureusement caricatural, que les images prêtent aux gens torturés par une odontalgie.

…Il va de soi qu’il n’y avait aucun parti à tirer d’une observation aussi banale : un Edgard Poë lui-même l’eût négligée. Aucun agent ne voulut s’élancer sur une pareille piste, propre à dérouter de braves Mohicans dressés à la chasse à l’homme à travers les hautes herbes du maquis social.

C’était un tort, et cette trace impossible était la bonne. Tant il est vrai que dans l’étude des grands effets il ne faut jamais négliger les plus petites causes. Depuis un mois, l’herculéen