Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/174

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cette identification calibanesque où se sont englués jusqu’à des moliéristes de profession. On le retrouverait cependant dans un recueil de chroniques, préfacé par Alexandre Dumas fils, et édité chez Lemerre, en 1887, sous le titre de Le Livre de Caliban, si ce recueil n’était devenu lui-même une rareté bibliophilique. Je vous en éviterai la recherche sur les quais en ces temps froids et féconds en bronchites par une ou deux citations congrues.

Mon quintisaïeul, celui-là même dont il est question dans Le Festin Ridicule de Boileau :

Et mieux que Bergerat l’appétit l’assaisonne,
était un maître queux éminent du grand siècle et quelque chose comme le Magny du temps. Il en régalait les poètes illustres. Racine, Despréaux, La Fontaine et Molière, et il avait, pour eux, le vendredi, des maigres prodigieux, qui eussent réconcilié l’aigle de Meaux avec le cygne de Cambrai. Mais en sus il prenait des notes et il a laissé des Mémoires dont je possède l’inestimable manuscrit.

« Ce n’est un secret pour personne, y écrit-il, que Molière n’est pas l’auteur des comédies représentées sous son nom. Non seulement le pauvre garçon était incapable de les jouer proprement, mais je doute qu’il fût en mesure même de les signer de son nom. Personne, du reste, ne peut se targuer d’avoir vu de son écriture. Je tiens de ce joyeux M. Chapelle, à qui par parenthèses on doit Les Plaideurs de Racine, que, lorsque le tapissier a besoin, pour sa charge, de parler au Roy, il trace une croix sur le carreau de la chambre du monarque, qui fait mettre aussitôt un