Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/221

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assaillie par des Indiens scalpeurs, tatoués et hurlants. Ils sont les personnages nécessaires du tableau.

Bastia réaliserait, tel qu’on se le représente, le premier comptoir de commerce établi par une Société puissante, débrouillarde et alliée aux Peaux-Rouges.

Assurément, le voyageur ne doit qu’au banditisme la sensation très aiguë d’état sauvage qui l’accompagne en Corse pour ne plus le quitter qu’à Marseille.

Mais il est évident qu’on se sent là très loin de toute société policée, et notamment de ce Code dont l’auteur, je ne cesse de le remarquer, par une ironie bizarre du sort, est précisément né dans le pays qui en fait le moins de cas. Le gendarme y apparaît comme une anomalie.

Il en est une. On ne se sait pas ce qu’il représente.

On comprend très bien que l’un d’eux ait un jour arrêté le poète Glatigny en train de composer des vers sur des bouts-rimés que lui jetait un merle. Il faut bien qu’ils usent leurs bottes et s’occupent à quelque chose.

On pense que je ne négligeai pas de visiter le lieu, pour moi sacré, qui a été témoin du seul acte d’autorité accompli par le gouvernement français en Corse.

Je décrochai donc ma lyre, que j’emporte partout où je vais, ficelée à mon parapluie et, m’étant dirigé vers la gendarmerie de Bocognano, je m’assis devant elle.

Cette gendarmerie était abondante en gendarmes.

Ceux que j’avais devant moi me parurent être les