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Le Bien Public était sous l’influence de M. Thiers et il avait combattu la Commune avec une remarquable intrépidité, mais sa rédaction littéraire était libre. Aussi devint-elle, à certain moment, fort brillante. Je remémore aux bibliographes qu’il eut la primeur du premier roman d’Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, de L’Assommoir d’Émile Zola, de la monographie de Gavarni par les Goncourt, et que Théophile Gautier y publia tout ce qu’il put écrire de l’Histoire du Romantisme. Il y commença même un Salon que, malade déjà, il ne put poursuivre.

Je fus assez heureux pour pouvoir négocier avec l’administrateur la publication de ces deux ouvrages. Edmond de Goncourt gardait depuis longtemps en cartons cette étude sur Gavarni, qu’il avait, d’ailleurs, écrite avec son frère. L’idée me vint d’en parler à Henri Vrignault qui me pria de la lui demander. Je courus à Auteuil, et je n’eus aucune peine à décider l’écrivain à l’affaire. Il me remercia si fort, sur le moment, de mon entremise spontanée et de sa réussite, que je m’en suis trouvé plus consolé de ne l’avoir pas vu mentionner dans ses mémoires, j’allais dire son agenda.

Quant à l’Histoire du Romantisme, elle ne commença au Bien Public que l’année suivante, c’est donc par anticipation que je vous en parle. Un souvenir s’accroche à l’autre et le rosaire empile ses grains dans sa boîte.

Un jour que, à sa requête même, nous mettions un peu d’ordre à Neuilly, dans les papiers accumulés de Théophile Gautier, je tombai sur une lettre très ancienne, signée Joseph Bouchardy, et dans laquelle