Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/327

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Stendhal par le moulinet de sa clapette, il fallait bien l’abandonner à cet ange gardien à crécelle.

Avant même d’avoir aucun droit à me mêler de ces choses de famille, et mû par une simple dévotion pour un génie dont la flamme vacillait entre les ais du tabernacle, au vent des chauves-souris, j’avais essayé de les en écarter par un autre brouhaha qui m’est propre et dont la blague parisienne est le fifre. J’osai même prendre sur moi de railler d’abord une crédulité, dont je partageais, d’ailleurs, le sentiment, et j’en fus pour l’effort et la courte honte. En fait de persiflage, il était aussi mon maître.

— Monsieur libre-pense ? me jetait-il en s’incrustant le monocle dans la baie sourcilière, monsieur franc-maçonne ?

Les francs-maçons allumaient sa verve. Il disait d’eux :

— Ce sont des gens qui se mettent en armures pour se donner leur parole d’honneur que Dieu est triangulaire. Ça les rassure. Ils ont de la chance. La guillotine aussi l’est, triangulaire !

L’un des faits dits : providentiels, sur lesquels il revenait le plus souvent et qu’il se plaisait à donner pour preuve de la certitude des influences, néfastes ou bénévoles qui nous mènent, était l’accident qui lui était arrivé, en août 1869, à l’inauguration du canal de Suez. La date de l’embarquement à Marseille tombait le treize du mois qui était, en outre, un vendredi.

— J’étais donc parfaitement résolu à ne pas partir, car je sais toujours ce que je fais, quoi qu’on en dise dans ma famille. Je suis bien avec les dieux. Si Lesseps m’avait écouté, et l’impératrice de même, ils ne les auraient pas bravés, surtout en Égypte, où