Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Sur le duc d’Angoulême ? Il « paroit » que tu en as, toi ? Comme il n’y en a nulle part, vu et attendu que le duc d’Angoulême est spécial en ceci qu’il n’a rien fait et que c’est par là qu’il se détache sur l’histoire, je l’ai mis dans mon roman entre Bouvard et Pécuchet. Il est l’Ajax de cette Iliade des ganaches.

— Eh bien ?

— Comment : eh bien ? Si le duc d’Angoulême a fait quelque chose, et quoi que ce soit, l’Ajax f… le camp. Son entité est d’être nul, d’esprit et de corps, l’époux impuissant de « la planche de Salut » (style du temps), de la monarchie. Ah ! j’en ai du tintouin pour ce malheureux livre !

— Quel tintouin ?

— D’abord Zola, qui m’avait pris ce nom de Bouvard pour sa série. Il m’a fallu le lui arracher. Il y tenait. Et moi donc !… Enfin il me le cède. Je n’aurais pas pu finir. Un nom, c’est tout, dans les romans, pour ta gouverne. À présent c’est toi, avec tes documents sur le duc d’Angoulême ! Que le diable t’emporte si tu en as ! Où sont-ils ? Je te les rendrai, parole, sur la tête de ta chère femme, je te le jure.

Et je lui réponds : — Mon cher maître, si j’en avais, nous les brûlerions à jamais ensemble. Bouvard et Pécuchet avant tout. Mais on vous a induit en erreur, je n’en ai pas et j’ajoute que le duc d’Angoulême m’indiffère passionnément, que dis-je, outre mesure.

— Que sais-tu de lui par tradition orale ? Peut-être en parlait-on dans ta famille ? Les bourgeois, qui furent tes aïeux, ont dû croire à la prise du Trocadéro ? C’est la meilleure blague de la Restauration.