Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/218

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bruit propre dans le tube de cuivre serpentueux, à l’orchestre.

— Oh ! à l’orchestre !… Je m’en charge !

— Tu m’ébranles.

— Tiens, écoute. Aimes-tu l’histoire ?

— Non, mais va.

— À ce dîner, il y avait Amédée Achard…

— Fichtre !

— …qui n’est pas gai…

— Beaucoup de talent, pour ta gouverne. « Les coups d’épée de Monsieur de la Guerche », ne fait pas ça qui veut ! Achève ?

— Il avait vu à mon nez que je brûlais, de truffe en truffe, du besoin de jouir du cor de Vivier, si bien qu’il me jeta à voix basse : — Pas de gaffe, il n’en joue pas devant le monde.

— C’est ainsi qu’il m’évita l’indiscrétion. Je te laisse extraire les conséquences de ce fait documentaire ; mais, pour moi, et je m’en ferais hacher, le cor de Vivier est une blague.

— À Paris tout est possible, concluait philosophiquement le Chamfort du boulevard des Italiens. Et pendant une semaine ou deux ce fut un jeu, à Tortoni, de chercher parmi les survivants du Second Empire celui qui pouvait se vanter, devant Dieu et devant les hommes, d’avoir, soit dans un concert, soit en chambre, ou partout ailleurs, entendu l’olifant légendaire. Alfred Stevens réclama ce privilège, qui lui fut unanimement dénié à cause de sa nationalité belge, Bruxelles étant la Marseille du nord. Il refusa d’ailleurs le serment qu’on exigeait pour le croire. — Tu dois confondre, lui disait Scholl, dont le problème passionnait la malice, c’est le père Ingres