Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/94

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et d’actualité que je mettais sur pied serait, s’il le voulait, à la gloire et dévotion de la sainte paniconographie. Mort à la gravure du bois ! Cette fois, ce n’était plus un prosélyte que j’avais sous les yeux, c’était un sectaire.

— Ah ! je crois bien que je veux en être ! C’est conclu, signé, enregistré, notarié, et tout !

Je crus devoir, pour le calmer, renouveler ma déclaration d’Écharcon. — « Et l’on partage les bénéfices ! » — Ce que je m’en f… des bénéfices !

Le soir de cette journée même, je dînais chez Georges Charpentier nouvellement installé rue de Grenelle, et je lui contais mon aventure folle. — Il ne me manque plus qu’un titre. En as-tu un dans ton sac à malices ? — Non, fit-il, préoccupé, mais est-ce tout ce qui te manque ? — Quoi donc encore ? J’ai le local, le papier, l’impression et la gravure. Quant à la double rédaction, Delorme m’en rabat comme faisans en clairière. Je ne vois plus de qui j’ai besoin. — Mais, d’un administrateur, peut-être ? — Tiens, c’est vrai. J’ai totalement oublié l’administrateur. — C’est pourtant l’un des rouages du mécanisme. J’en connais un, si ça te chausse. — Ça me chausse, s’il coopère. — Il coopère. — Une part de moins sur les bénéfices. Qui est-ce ? — Moi, Zizi.

Je l’embrassai deux fois, l’une pour le mot, l’autre pour l’acte, et la soirée se couronna par une pyrrhique aux Dieux autour du portrait de sa femme, que Renoir exécutait à cette époque dans le salon de l’éditeur. C’était d’ailleurs la ronde de notre jeunesse, là-bas, aux Ternes, la ronde des Place-aux-Jeunes.

« Il était six littérateurs,
« Qui n’avaient que trois francs cinquante ;