j’avais accordé mon âme. Mais, hélas ! parmi tant de secrets heureux qu’elle m’a transmis, pourquoi faut-il que je n’aie pas reçu celui de la décrire elle-même !
Il me souvient qu’un jour où je lui parlais de cette impuissance de la plume à éterniser le son d’une voix chère ou célèbre, le maître me dit :
« Il y a trois voix dans l’homme : la voix parlante, ou, si tu veux, de la parole ; la voix passionnelle ou dramatique ; et la voix modulée ou musicale. Rappelle-toi cela, si tu deviens jamais critique, pour ton malheur ! Deux seulement sont sujettes à description, et des termes existent, en petit nombre, il est vrai : — la voix dramatique et la voix musicale, toutes deux factices et d’étude. Mais cette étude, qui les fait, donne justement les mots pour les dépeindre. Ainsi, tu peux décrire la voix de Faure ou celle de Mlle Favart, de façon à en donner au lecteur une impression à peu près exacte ; il y a pour cela une technique que je t’apprendrai. Par exemple, on appelle voix blanche une voix d’un timbre neutre, sans accent propre, mais claire cependant et correcte. Tu sais aussi bien que moi ce que l’on entend par l’âme d’une voix. Eh bien, pars de ces données, et tu verras