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Page:Bergerat - Théophile Gautier, 1879, 2e éd.djvu/16

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VIII
PRÉFACE.

rayonnants, des mots de lumière… avec un rythme et une musique, voilà ce que c’est que la poésie… Ça ne prouve rien, ça ne raconte rien… Ainsi, le commencement de Ratbert… il n’y a pas de poésie au monde comme cela. C’est le plateau de l’Hymalaya. Toute l’Italie blasonnée est là… et rien que des mots. » Là-dessus, quelqu’un venant à la rescousse de Taine, le vieux romantique laissait tomber avec une foi enthousiaste : « Voyez-vous, on dira tout ce qu’on voudra, Hugo est le chanteur du vent, de la nuée, de l’océan : c’est le poëte des fluides. »

Un jour Théo lançait à Renan, qui professait qu’on devait écrire aujourd’hui, seulement et uniquement avec la langue du XVIIe siècle :

« Je crois bien qu’ils avaient assez des mots qu’ils possédaient en ce temps-là. Ils ne savaient rien : un peu de latin et pas de grec. Pas un mot d’art. N’appelaient-ils pas Raphaël le Mignard de son temps ! Pas un mot d’histoire. Pas un mot d’archéologie. Pas un mot de nature. Je vous défie de faire le feuilleton que je ferai mardi sur Baudry avec les mots du