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Page:Bergerat - Théophile Gautier, 1879, 2e éd.djvu/19

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XI
PRÉFACE.

noter, à fixer la pensée parlée de l’écrivain, telle qu’elle se formulait dans sa bouche aux heures suprêmes. Il a forcé son oreille, pour ainsi dire, à emporter le son de cette voix qui allait s’éteindre. Il a donné la durée éternelle au fugitif bruit des mots, aux ondes sonores des belles et grandes choses que le vaillant causeur jetait dans l’air. Et Bergerat nous a conservé, dans ce livre, Dix Entretiens qui sont comme le verbe Théo apporté à entendre à tous ceux qui ne connaissent que l’imprimé de l’illustre mort.

Parfois, mon frère et moi, nous nous trouvions assis avec Théophile Gautier, autour de sa propre table, entre ses deux sœurs et ses deux filles, à côté d’Éponine, la chatte noire aux yeux verts, qui avait sa chaise pour dîner ainsi qu’une personne naturelle. Le plat de fondation était presque toujours un risotto, dont l’hôte avait le droit d’être fier, et souvent des mets bizarres, des mets avec des recherches de l’invention de l’écrivain aux prétentions culinaires. Qui ne se souvient des célèbres épinards dans lesquels étaient pilés des noyaux