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Page:Bergerat - Théophile Gautier, 1879, 2e éd.djvu/52

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THÉOPHILE GAUTIER.

phile Gautier n’a jamais été un homme politique, et qu’il n’avait que de l’indifférence pour tout ce qui n’était pas l’art ou la poésie. Il ne croyait pas à l’utilité des révolutions, et il se contentait parfaitement de tout régime qui, pendant le cours fatalement restreint de sa durée, favorisait l’éclosion pacifique des choses de l’esprit. On avouera bien que cette façon de voir ne pouvait pas lui inspirer un goût bien vif pour la Commune, par exemple, et qu’elle ne fit rien pour rendre un homme comme lui républicain. Ce serait une erreur de croire cependant que son grand esprit, si vaste et si juste, n’eût pas été frappé par les cataclysmes dans lesquels avait sombré l’empire. Si sa philosophie n’en avait guère été atteinte, si sa fidélité n’en était pas ébranlée, son cœur du moins en avait ressenti une forte secousse. Il ne faut pas oublier que Théophile Gautier avait charge d’âmes, et que du travail de sa plume il nourrissait une très-nombreuse famille. Au 4 septembre il se crut donc perdu, lui et les siens. Aussi ne fut-il pas peu étonné de voir les républicains lui continuer la déférence due à son rare génie et lui assurer sa situation au Journal officiel. Il s’aperçut alors que ces gens-là n’étaient pas si farouches qu’il se les représentait. Il le disait ingénument à l’un d’eux, M. Hetzel, son vieil ami, de qui j’en tiens le récit et qui pourrait l’affirmer si besoin était :