Page:Bergson - L’Énergie spirituelle.djvu/222

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time, par conséquent, d’appliquer en même temps les deux systèmes de notation au même objet, tout le monde nous l’accordera. Or, nous n’avons pas besoin d’autre chose pour la présente démonstration.

Nous nous proposons d’établir les trois points suivants : 1º Si l’on opte pour la notation idéaliste, l’affirmation d’un parallélisme (au sens d’équivalence) entre l’état psychologique et l’état cérébral implique contradiction. 2º Si l’on préfère la notation réaliste, on retrouve, transposée, la même contradiction. 3º La thèse du parallélisme ne paraît soutenable que si l’on emploie en même temps, dans la même proposition, les deux systèmes de notation à la fois. Elle ne semble intelligible que si, par une inconsciente prestidigitation intellectuelle, on passe instantanément du réalisme à l’idéalisme et de l’idéalisme au réalisme, apparaissant dans l’un au moment précis où l’on va être pris en flagrant délit de contradiction dans l’autre. Nous sommes d’ailleurs ici naturellement prestidigitateurs, parce que le problème dont il s’agit, étant le problème psychophysiologique des rapports du cerveau et de la pensée, nous suggère par sa position même, les deux points de vue du réalisme et de l’idéalisme, le terme « cerveau » nous faisant songer à une chose et le terme « pensée » à de la représentation. On peut dire que l’énoncé de la question contient déjà, en puissance, l’équivoque par laquelle on y répondra.

Plaçons-nous donc d’abord au point de vue idéaliste, et considérons par exemple la perception des objets qui occupent, à un moment donné, le champ visuel. Ces objets agissent, par l’intermédiaire de la rétine et du nerf