Page:Bergson - Matière et mémoire.djvu/127

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dans cette attitude de la conscience, avant tout, la conscience d’une attitude. Telle est la position prise par Th. Ribot dans le débat[1], et bien qu’attaquée[2], elle paraît avoir conservé toute sa force, pourvu toutefois, croyons-nous, qu’on ne voie dans les mouve­ments décrits par Th. Ribot que la condition négative du phénomène. À supposer, en effet, que les mouvements concomitants de l’attention volontaire fussent surtout des mouvements d’arrêt, il resterait à expliquer le travail de l’esprit qui y correspond, c’est-à-dire la mystérieuse opération par laquelle le même organe, percevant dans le même entourage le même objet, y découvre un nombre croissant de choses. Mais on peut aller plus loin, et soutenir que les phénomènes d’inhibition ne sont qu’une préparation aux mouvements effectifs de l’attention volontaire. Supposons en effet, comme nous l’avons déjà fait pressentir, que l’attention implique un retour en arrière de l’esprit qui renonce à poursuivre l’effet utile de la perception présente : il y aura d’abord une inhibition de mouvement, une action d’arrêt. Mais sur cette attitude générale viendront bien vite se greffer des mouvements plus subtils, dont quelques-uns ont été remarqués et décrits[3], et qui ont pour rôle de repasser sur les contours de l’objet aperçu. Avec ces mouvements commence le travail positif, et non plus simplement négatif, de l’attention. Il se continue par des souvenirs.

Si la perception extérieure, en effet, provoque de notre part des mouve­ments qui en dessinent les grandes lignes, notre mé

  1. Psychologie de l’attention, Parts, 1889 (Félix Alcan, éditeur).
  2. MARILLIER, art. Cité. Cf. J. SULLY, The psycho-physical process in attention (Brain, 1890, p. 154).
  3. N. LANGE, Beltr. zut Theorie der sinnlichen Aufmerksamkeit (Philos. Studien de WUNDT, t. VII, pp. 390-422).