Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/150

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le triste appareil des funérailles. » Hercule, rassuré tant bien que mal, se met à table, se couronne de myrte, mange, boit, s’enivre un peu, fait retentir le palais de ses chants, jusqu’au moment où, frappé de la stupeur des esclaves qui le servent, il les interpelle et apprend enfin la vérité. « Alceste est morte ! Dieux ! et comment dans cette situation avez-vous eu le moindre égard à l’hospitalité ? » (Shakspeare fait dire aussi par Cassius à Brutus qu’il vient d’insulter : Porcia est morte ! et tu ne m’as pas tué !)

HERCULE.

« Alceste n’est plus. Cependant, malheureux, j’ai fait éclater ma joie dans un festin ; j’ai couronné ma tête de fleurs dans la maison d’un ami désespéré. C’est toi qui es coupable de ce crime. Que ne me découvrais-tu ce funeste mystère ? Où est le tombeau ? Parle. Quelle route dois-je suivre ?

L’OFFICIER.

« Celle qui conduit à Larisse. À l’issue du faubourg, le tombeau s’offrira d’abord à vos yeux. »

Hercule alors se rend au tombeau royal, se place auprès en embuscade, s’élance sur Oreus, au moment où il vient pour boire le sang des victimes, et malgré ses efforts le contraint à lui rendre Alceste vivante. Revenu avec elle au palais, il la présente voilée à Admète. « Tu vois cette femme, lui dit-il, je te la confie et j’attends de ton amitié que tu la gardes jusqu’à ce qu’après avoir tué Diomède et enlevé ses coursiers je revienne triomphant. »

Admète le conjure de ne pas exiger ce service, la vue seule d’une femme lui rappelant Alceste lui déchirerait le cœur.

L’insistance d’Hercule devient telle, qu’Admète n’ose refuser sa demande et tend la main à la femme voilée. Hercule satisfait lève aussitôt le voile qui cache les traits de l’inconnue, et Admète éperdu reconnaît Alceste. Mais pourquoi reste-t-elle immobile et sans voix ? Dévouée aux divinités infernales, il faut qu’elle soit purifiée, et ce n’est que dans trois jours qu’elle