Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment du poëme grec tout ce que nous appelons aujourd’hui des défauts, et sut en faire jaillir des situations nouvelles fort dramatiques et on ne peut plus favorables, il faut en convenir, aux grands développements d’un opéra. Il supprima seulement, et il eut grand tort, je le crois, le personnage d’Hercule, dont il était possible de tirer un si heureux parti. Au début de l’action, dans son poëme, le peuple thessalien est assemblé devant le palais de Phérès, attendant des nouvelles de la santé d’Admète, gravement malade. Un héraut annonce à la foule consternée que le roi touche à ses derniers moments. La reine paraît suivie de ses enfants, et invite le peuple à se rendre avec elle au temple d’Apollon pour implorer ce dieu en faveur d’Admète.

La décoration change et la cérémonie religieuse commence dans le temple. Le prêtre consulte les entrailles des victimes, et, saisi de terreur, annonce que le dieu va parler. Tous se prosternent, et au milieu d’un silence solennel la voix de l’oracle fait entendre ces mots :

xxxxxIl re morrà s’altro per lui non more.

xxLe roi doit mourir aujourd’hui.
Si quelque autre au trépas ne se livre pour lui.


Le prêtre interroge la foule consternée : « Qui de vous à la mort veut s’offrir ? Personne ne répond !… Votre roi va mourir ! » Le peuple se disperse en tumulte et laisse la malheureuse reine à demi évanouie au pied de l’autel. Mais Admète ne mourra pas ; Alceste, dans un mouvement sublime de tendresse héroïque, s’approche de la statue d’Apollon et jure solennellement de donner sa vie pour son époux. Le prêtre rentre annoncer à Alceste que son sacrifice est accepté, et qu’à la fin du jour les ministres du dieu des morts viendront l’attendre aux portes de l’enfer. Cet acte est rempli de mouvement et excite de vives émotions. Au second, toute la ville de Phères est dans l’ivresse, Admète est rétabli ; nous le voyons, plein de joie, rece-