Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/70

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paraît jusqu’à la fin de la symphonie, on le reconnaît toujours, et pourtant il change continuellement d’aspect. L’étude de ces diverses transformations offre un intérêt d’autant plus puissant que chacune d’elles produit une nuance nouvelle et tranchée dans l’expression d’un sentiment unique, celui de la joie. Cette joie est au début pleine de douceur et de paix ; elle devient un peu plus vive au moment où la voix des femmes se fait entendre. La mesure change ; la phrase, chantée d’abord à quatre temps, reparaît dans la mesure à 6/8 et formulée en syncopes continuelles ; elle prend alors un caractère plus fort, plus agile et qui se rapproche de l’accent guerrier. C’est le chant de départ du héros sûr de vaincre ; on croit voir étinceler son armure et entendre le bruit cadencé de ses pas. Un thème fugué, dans lequel on retrouve encore le dessin mélodique primitif, sert pendant quelque temps de sujet aux ébats de l’orchestre : ce sont les mouvements divers d’une foule active et remplie d’ardeur… Mais le chœur rentre bientôt et chante énergiquement l’hymne joyeuse dans sa simplicité première, aidé des instruments à vent qui plaquent les accords en suivant la mélodie, et traversé en tous sens par un dessin diatonique exécuté par la masse entière des instruments à cordes en unissons et en octaves. L’andante maestoso qui suit est une sorte de choral qu’entonnent d’abord les ténors et les basses du chœur, réunis à un trombone, aux violoncelles et aux contre-basses. La joie est ici religieuse, grave, immense ; le chœur se tait un instant, pour reprendre avec moins de force ses larges accords, après un solo d’orchestre d’où résulte un effet d’orgue d’une grande beauté. L’imitation du majestueux instrument des temples chrétiens est produite par des flûtes dans le bas, des clarinettes dans le chalumeau, des sons graves de bassons, des altos divisés en deux parties, haute et moyenne, et des violoncelles jouant sur leurs cordes à vide sol, , ou sur l’ut bas (à vide) et l’ut du médium, toujours en double corde. Ce morceau commence en sol, il passe en ut, puis en fa, et se termine par un point