Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/103

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éprouver Naples, le Vésuve, Pompéi, la mer, les îles, nous parlerons de tout cela. Ce qui vaut beaucoup mieux, c’est que je serai à Paris peut-être plus tôt que vous ne pensez, mais certainement plus tôt que notre directeur ne pense.

Allons donc, voilà un succès ! Robert le Diable a fait merveilles. Allez, je vous prie, de ma part, chez M. Meyerbeer lui faire mon sincère compliment, ou du moins l’assurer de la joie vive que m’a fait éprouver la réussite brillante de son grand ouvrage. J’en ai passé une nuit blanche après la lecture des journaux. Le sang me bout dans les veines. Cinq cent mille malédictions ! faut-il que je sois ici claquemuré, dans ce pays morne et antimusical, pendant qu’à Paris on joue la Symphonie avec chœurs, Euryanthe et Robert, et pendant que les ouvriers de Lyon s’amusent comme des diables ! Je me serais peut-être trouvé à Lyon aussi, et j’en aurais pris ma part. Cependant il paraît que les Anglais de Bristol se sont encore mieux amusés ; du moins leur ouvrage a fait bien plus d’impression : cela avait plus de caractère.

Seriez-vous capable de marcher contre ces pauvres diables, dont le tour de jouir de la vie vient seulement d’arriver ? Ce serait bien mal à vous, de toutes manières. Parlons d’affaires. Veuillez aller trouver M. Réty au Conservatoire et lui demander de prendre dans ma musique la Cantate de la Mort d’Orphée. Je la lui avais demandée, mais Prévost, qui devait l’apporter, paraît ne pas devoir venir. Vous la prendrez donc et vous me ferez copier sur papier à lettre la dernière page de la partition, l’adagio con tremulandi, qui succède à la Bacchanale ; puis vous le mettrez sous enveloppe à la poste. J’en ai besoin absolument.