Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/127

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Dieu t’ait en sa sainte et digne garde et te guérisse du mal d’yeux, sans être obligé de t’y faire une application de salive. Fais-tu quelque chose ?


XXII.

À M. HOFFMEISTER, ÉDITEUR DE MUSIQUE, A LEIPSIG.


Paris, 8 mai 1836.

Monsieur,

Vous avez publié dernièrement une ouverture réduite, pour le piano à quatre mains, sous le titre d’Ouverture des Francs Juges, dont vous m’attribuez non-seulement la composition, mais aussi l’arrangement. Il est pénible pour moi, monsieur, d’être obligé de protester que je suis parfaitement étranger à cette publication, faite sans mon aveu et sans que j’en aie été seulement prévenu. L’arrangement de piano que vous venez de livrer à l’impression N’EST PAS DE MOI et je ne saurais davantage reconnaître mon ouvrage dans ce qui reste de l’ouverture. Votre arrangeur a coupé ma partition, l’a rognée, taillée et recousue de telle façon que je n’y vois plus en maint endroit qu’un monstre ridicule, dont je le prie de garder tout l’honneur pour lui seul. Si une semblable liberté avait été prise à mon égard par un Beethoven ou un Weber, je me serais soumis sans murmures à ce qui m’eût certes paru néanmoins une humiliation cruelle ; mais ni Weber ni Beethoven ne me l’auraient jamais fait subir : si l’ouvrage est mauvais, ils ne se fussent pas