Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/132

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fallait, et plusieurs jours de suite. De la sorte, nous arrivions à une exécution presque toujours correcte et quelquefois foudroyante. Ainsi avez-vous fait sans doute à Leipzig, et, je le répète, en l’absence de l’auteur intéressé à soutenir son ouvrage, une telle persévérance honore autant les exécutants qu’elle flatte le compositeur en le pénétrant de reconnaissance. Elle est si rare, cependant, que je me suis mille fois repenti d’avoir si étourdiment laissé publier l’ouverture dont il est ici question. Et, à ce sujet, je dois vous faire ma profession de foi en vous priant de la transmettre à l’éditeur, M. Hoffmeister ; ce sera ma réponse aux offres qu’il a la bonté de me faire relativement à la publication de mes symphonies. L’an dernier, on m’écrivit à peu près en même temps de Vienne et de Milan, pour avoir un exemplaire manuscrit de ces deux ouvrages ; non point dans le but de les graver, mais seulement de les faire entendre. Il y a quelques mois, une lettre semblable me fut adressée de la Nouvelle-Orléans. Les offres très-avantageuses qui accompagnaient ces demandes ne me séduisirent point ; j’ai toujours refusé et toujours pour la même raison, la crainte d’être traduit à contre-sens par une exécution infidèle ou incomplète. Si le bonheur a voulu que l’ouverture des Francs Juges ait trouvé à Leipzig des interprètes aussi consciencieux qu’habiles et un patron tel que vous pour réchauffer leur zèle, vous venez de voir que, loin d’éprouver partout le même sort, celui qu’elle a subi en Angleterre a été assez brutal ; et je dois ajouter que, cette ouverture étant le premier morceau de musique instrumentale que j’aie écrit de ma vie, les compositions qui lui ont succédé ont tout naturellement tendu à revêtir des formes plus larges, à