Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/144

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par un inconnu la semaine dernière, en sortant de l’Opéra-Comique ; il va beaucoup mieux. Heine s’écrit toujours par un e ; il demeure rue des Martyrs. On m’a volé son charmant livre sur l’Italie. As-tu lu ses Bains de Lucques ? On nous promet des nuits vénitiennes au Casino ; il y a là un orchestre de cent quarante musiciens, toutes les fois que soixante d’entre eux ne sont pas employés à la même heure aux concerts des Champs-Élysées. Il y a un microscope au gaz ; j’y ai vu des cirons qui paraissaient gros comme des melons. Je te donne toutes mes nouvelles comme elles me viennent.

F. Hiller m’a envoyé de Milan quelques morceaux de sa Romilda. On prétend que Rossini vend des poissons comme on n’en voit guère[1] ; je parie qu’il s’ennuie dans sa villa autant que ses gros poissons dans leur vivier. Il dit toujours : « Qu’est-ce que ça me fait ? » S’il n’aimait pas tant les énormes poissons, il aurait peut-être des dispositions pour l’indifférence absolue ; mais j’en doute.

Un de nos ennemis a voulu dernièrement se précipiter de la colonne Vendôme ; il a donné quarante francs au gardien pour le laisser monter, puis il a renoncé à son projet… Il faut espérer que, dans la nouvelle salle qu’on promet à l’Opéra-Comique, il y aura un foyer pour les musiciens ; car actuellement, au théâtre de la Bourse, les malheureux sont obligés avant le lever de la toile de s’accorder coram populo d’où il suit que, pendant que les hautbois et les violons donnent le la, les trombones grognent leur si

  1. Rossini habitait alors Bologne.