Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/146

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XXVI.

À M. BULOZ.


Paris, 22 novembre 1840.

Monsieur,

Dans le compte rendu par la Revue des Deux Mondes du festival que j’ai donné à l’Opéra, on a commis des erreurs de faits dont je crois pouvoir vous demander la rectification.

L’auteur de cet article veut me rendre coupable du crime de lèse-majesté à l’égard de Gluck et de Palestrina : « Pauvre Gluck ! dit-il, vous ne vous doutiez pas, lorsqu’au son des trombones, vous évoquiez jadis les esprits de haine et de rage, qu’un jour viendrait où M. Berlioz vous ferait l’aumône de quelques ophicléides ; et Palestrina qu’on a arraché à la chapelle Sixtine, où quelques soprani suffisaient à des mélodies fuguées, pour l’écraser lui, le maestro paisible, à l’inspiration suave et religieuse, sous la pompe des voix et des instruments. »

Or, l’acte d’Iphigénie a été exécuté absolument tel que l’auteur l’écrivit ; on n’y a donc point entendu d’ophicléides. Quant à Palestrina, quelques soprani lui suffisaient si peu, que son madrigal Alla riva del Tebro, morceau profane du reste, et qui n’a jamais pu être entendu à la chapelle Sixtine, est à quatre parties (SOPRANI, CONTRALTI, TÉNORS et BASSES) ; il a fallu en outre une étrange préoccupation pour trouver écrasé sous la pompe instrumentale le chœur chanté d’après le texte du compositeur SANS ACCOMPAGNEMENT.