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XXXIX.


à m. alexis lwoff[1].


Londres, 29 janvier 1848.
Mon cher général,

C’est un malade qui vous écrit ; en conséquence, ne le grondez pas trop d’avoir tant tardé à vous répondre. Je suis fâché que vous ayez pu me croire contrarié de la publication de ma lettre sur Ondine. Elle ne contenait rien que je tinsse fort à garder secret : mes sentiments d’amitié pour vous d’abord, ma haute estime pour vos rares talents ensuite, et enfin mes observations sur l’insalubrité des ténors auxquels nous sommes généralement exposés, nous tous qui avons le malheur de chercher des intelligences servies par une voix. Mes plaisanteries sur eux m’auront valu quelques douzaines d’ennemis intimes de plus ; mais je m’en moque comme d’un opéra comique sur lequel je n’ai pas de feuilleton à faire. Mieux que cela, j’en suis fort aise : j’aime à être détesté des crétins, ils m’autorisent ainsi à leur rendre la pareille.

  1. Auteur de l’hymne national russe, directeur pendant vingt-cinq ans de la chapelle impériale des chantres de la cour à Saint-Pétersbourg, violoniste distingué, auteur de l’opéra d’Ondine dont il est parlé dans la lettre. Cet opéra fut représenté pour la première fois à Vienne en 1846 en langue allemande et en langue russe à Saint-Pétersbourg en 1848. Nous devons la lettre à M. Lwoff et en général toutes les lettres adressées à des personnages russes à l’obligeante bonté de M. Wladimir Stassoff, qui occupe une haute position à la Bibliothèque impériale publique de Saint-Pétersbourg.