Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/187

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moribond, des éventualités cholériques… Cela m’a douloureusement ému. Sous l’empire d’une préoccupation semblable, peu de jours avant la réception de votre aimable lettre, j’avais écrit à M. le comte Michel Wielhorski pour lui demander de ses nouvelles. J’espère que tout va bien chez lui.

Notre choléra républicain nous laisse un peu de répit en ce moment ; on ne clube plus beaucoup ; les rouges rongent leur frein ; le suffrage universel nous a donné une majorité foudroyante pour Louis-Napoléon ; les paysans comptent ne plus payer d’impôts de longtemps, et fondent de grandes espérances sur les bons conseils que l’empereur donnera à son neveu. Car on sait à quoi s’en tenir sur cette bourde de la mort de l’empereur… Ah bien, oui, il s’est seulement retiré des affaires… On va aussi s’occuper bientôt de la répartition des milliards que Napoléon (le Grand) a rapportés de sa campagne d’Égypte, trésor inépuisable déterré sous la grande Pyramide. Nous allons filer des jours d’or et tout ira de soie.

Pardon de cet indigne calembour ! Comme vous devez rire là-bas et vous moquer de nous ; de nous, qui nous intitulons les peuples avancés ! Savez-vous comment on appelle les bécasses trop faites, les bécasses pourries ? Ce sont aussi des bécasses avancées. Enfin, que la volonté de Dieu soit faite ! J’ai bien de la bonté, n’est-ce pas ? Il est très sûr qu’elle se fera toujours.

Et vous pensez encore à la musique ! Barbares que vous êtes ! Quelle pitié ! au lieu de travailler au grand œuvre, à l’abolition radicale de la famille, de la propriété, de l’intelligence, de la civilisation, de la vie, de l’humanité, vous