Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du président de la République, nous en serions à cette heure à nous voir assassiner dans nos maisons. Grâce à lui et à l’armée, nous vivons tranquilles en ce moment ; mais nous, artistes, nous vivons morts (pardonnez-moi l’antithèse).

Si vous trouvez que je puisse vous être utile de quelque façon par mon feuilleton, ne manquez pas, je vous prie, de m’en informer, ce sera toujours un bonheur pour moi d’entretenir le petit nombre de lecteurs sérieux que nous avons en France des choses grandes et sérieuses qui se font en Russie. D’ailleurs, c’est une dette que je voudrais pouvoir acquitter. Je n’oublierai jamais, croyez-le bien, l’accueil que j’ai reçu de la société russe en général, de vous en particulier, et la bienveillance que m’ont témoignée et l’impératrice et toute la famille de votre grand empereur. Quel malheur qu’il n’aime pas la musique !

Adieu, cher maître ; rappelez-moi au souvenir de votre merveilleuse Chapelle, et dites aux artistes qui la composent que j’aurais bien besoin de les entendre, pour me faire verser toutes les larmes que je sens brûler en moi et qui me retombent sur le cœur.


LI.

À M. AUGUSTE MOREL.


Paris, 10 février 1852.

Mon cher Morel,

Je ne vous ai pas écrit depuis trop longtemps, c’est mal, très mal de ma part, et je vous prie de me pardonner cette