Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/206

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Veux-tu me rendre encore un service ?

Va chez Amyot, libraire, rue de la Paix, et chez Charpentier, rue de Lille, demander s’il leur conviendrait à l’un ou à l’autre de publier un fort volume in 8º de 450 à 500 pages, de moi, très drôle, très mordant, très varié, intitulé les Contes de l’orchestre. Ce sont des nouvelles, historiettes, contes, romans, coups de fouet, critiques et discussions, où la musique ne prend part qu’épisodiquement et non théoriquement, des biographies, des dialogues soutenus, lus, racontés, par les musiciens d’un orchestre anonyme, pendant la représentation des mauvais opéras. Ils ne s’occupent sérieusement de leur partie que lorsqu’on joue un chef-d’œuvre. L’ouvrage est ainsi divisé en soirées ; la plupart de ces soirées sont littéraires et commencent par ces mots : On joue un opéra français ou italien ou allemand très plat ; les tambours et la grosse caisse s’occupent de leur affaire, le reste de l’orchestre écoute tel ou tel lecteur ou orateur, etc.

Lorsqu’une soirée commence par ces mots : On joue Don Juan, ou Iphigénie en Tauride, ou le Barbier, ou la Vestale, ou Fidelio, l’orchestre plein de zèle fait son devoir et personne ne lit ni ne parle. La soirée ne contient rien que quelques mots sur l’exécution du chef-d’œuvre.

Tu conçois que ces soirées sont rares et que les autres donnent lieu à mille sanglantes ironies, facéties ; sans compter les nouvelles d’un intérêt purement romanesque. Je termine ce livre ; vois si tu peux lui trouver un éditeur. Adieu, mille amitiés.