Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/220

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déjà lu deux fois, je l’étudie et je l’admire. C’est radieux de raison et de bon sens. Vous êtes, ce me semble, le premier qui ayez traité avec intelligence, et sans se laisser décevoir par le mirage des folies antiques et modernes, ces diverses questions.

Vos études sur la prosodie latine m’ont expliqué bien des choses demeurées pour moi complétement obscures jusqu’à ce jour. Aussitôt que je le pourrai, je tenterai de donner aux lecteurs du Journal des Débats une idée des rares mérites de votre ouvrage, et je vous prie d’avance de recevoir mes excuses pour l’insuffisance de ma critique, qui n’aura d’autre mérite que la bonne foi.


LXIV.

À LOUIS BERLIOZ, ASPIRANT VOLONTAIRE A BORD DE L’AVISO LE CORSE, À CALAIS.


Lundi, 6 mars 1854.

Pauvre cher Louis, tu as reçu ma lettre d’hier ; maintenant tu sais tout. Je suis là tout seul à t’écrire dans le grand salon de Montmartre, à côté de sa chambre déserte[1]. Je viens encore du cimetière ; j’ai porté sur sa tombe deux couronnes, une pour toi, une pour moi. Je n’ai pas la tête à moi ; je ne sais pourquoi je suis rentré ici… Les domestiques y sont encore pour quelques jours. Elles mettent tout en ordre

  1. Berlioz venait de perdre sa première femme : Henriette Smithson, mère de Louis Berlioz.