Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/227

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Vous avez dû recevoir, il y a trois semaines, l’épreuve déjà corrigée de votre quatuor. L’avez-vous renvoyée ? avez-vous écrit à Brandus ?

J’ai manqué mon voyage à Munich, à cause de la vacance survenue à l’Institut. On m’a poussé à me mettre sur les rangs, à faire les visites et démarches d’usage en pareille circonstance. J’ai fait tout cela, j’ai vu tous les académiciens l’un après l’autre ; et, après mille belles paroles extrêmement flatteuses, un accueil chaleureux, etc., ils ont nommé hier Clapisson. À la prochaine vacance maintenant. Je suis résolu à persister avec une patience égale à celle d’Eugène Delacroix et de M. Abel de Pujol, qui s’est présenté dix fois.

Reber m’a donné toutes les marques possibles de sincère sympathie et les trois autres musiciens de sincère antipathie. Z… a travaillé pour moi d’une main, j’ignore ce qu’il a fait de l’autre. On songe déjà sérieusement à faire admettre Leborne tôt ou tard. Vous voyez que tout va bien et qu’on progresse dans la voie de l’absurde. Je viens de passer huit jours aux bords de la mer, à Saint-Valéry, pour me décolériser. Ce grand air des falaises, ce vaste horizon, cette solitude et ce silence m’ont tout à fait remis. J’y serais demeuré plus longtemps sans les anxiétés que j’éprouvais au sujet de Louis. Et je suis revenu dans l’espoir d’obtenir plus vite à Paris des nouvelles du siège de Bomarsund, où il se trouvait. Heureusement il s’en est tiré sain et sauf, je viens de recevoir une lettre de lui. Dieu vous préserve, mon cher Morel, de connaître jamais de semblables émotions…

Madame Stoltz rentre mercredi prochain.