Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/234

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négatifs et très positifs. Pardon de ce jeu de mots qui a l’air de rendre mon idée.

J’ai été singulièrement attristé hier à la répétition du trio avec chœurs de Cellini en voyant avec quel aplomb l’orchestre, le chœur et les chanteurs l’ont exécuté, et en songeant aux tristes vicissitudes de cette partition égorgée deux fois en deux infâmes guet-apens !… Certainement il y a là une verve et une fraîcheur d’idées que je ne retrouverai peut-être plus. C’est empanaché, fanfaron, italo-gascon, c’est vrai ! Tenez, moquez-vous de moi ; mais j’en ai rêvé cette nuit et je me sens le cœur serré d’avoir entendu cette scène ! et j’ai hâte pourtant de la réentendre demain.

Adieu ; priez le bon Dieu pour vos gens qui vont se battre ; ce sera une rude journée. Je vous serre la main.


LXXII.

À M. TAJAN-ROGÉ.


Paris, 2 mars 1855.

J’arrive ce matin de l’Allemagne du Nord, je trouve votre lettre, et tout ratatiné par une horrible nuit passée en wagon, avec un froid digne du Canada, je vous réponds sans prendre haleine. N’est-ce pas exemplaire ? D’abord, je vous remercie d’avoir tenu votre parole et de m’avoir envoyé un vrai feuilleton de six colonnes… et vous faites cela pour rien ? gâte-métier !

Je me doutais bien des belles mœurs musicales au milieu desquelles vous avez le bonheur de vivre, et rien de ce que