Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/264

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plus sensible cependant. Mon oncle et ma sœur sont également bien touchés de vos soins et de votre affection pour lui. Grâce à vous et à cet excellent Lecourt, le voilà monté sur un magnifique navire et investi de fonctions qui doivent le forcer à devenir laborieux et raisonnable de plus en plus.

J’espère beaucoup du mode de traitement auquel votre médecin vient de vous soumettre[1]. En tout cas, s’il a raison ou non dans ses conjectures, vous ne tarderez pas à le savoir. Vous devez être tourmenté par la suspension du travail de votre partition. Je serais au supplice, en ce moment surtout, s’il m’arrivait d’être obligé d’abandonner la mienne. Et pourtant qu’y a-t-il de plus triste, de plus misérable que notre monde musical de Paris ! quelle direction imprimée à tous nos théâtres lyriques !…

L’Opéra a toujours du monde ; on ne peut pas empêcher le public d’y aller. Dès lors, une suffisance et une nonchalance dans l’administration qui dépassent tout ce que vous pouvez vous figurer. Pourvu qu’on puisse régulièrement, quatre ou cinq fois par mois, donner la Favorite, paroles de M. le directeur, et Lucie, paroles de M. le directeur, tout va bien. En ce moment, tout va mieux encore ; on monte la Magicienne (paroles de M. le directeur attribuées à M. de Saint-Georges). Roqueplan fait parler de lui par ses excentricités de langage à l’Opéra-Comique. Il dit à Stockhausen qu’il ne sait pas chanter, il envoie tout le monde se faire f… Il dit à ce brave M***, qui s’était cru obligé, de lui faire une visite : « Qu’est-ce que vous f… ici ? f…-moi

  1. M. Auguste Morel souffrait d’une maladie d’yeux.