Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/267

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une ville qui dégèle, froide, humide. Et puis des luthériens !… des gens qui ne rient jamais, des blonds sans être doux… Voyez comme je divague, j’ai été blond et je ne suis pas doux… Riez, je vous le permets, tout m’est égal.

Votre programme était fort beau : vous m’avez fait l’injure de supposer que rien autre que le sort de mes deux morceaux ne pouvait m’intéresser dans le récit que vous m’avez fait des suites de ce concert. Vous ne m’avez parlé ni de votre Ouverture ni des morceaux de Liszt ; vous m’avez calomnié. Mais je vous pardonne. Encore une fois, tout m’est égal, excepté que l’on m’attribue la musique des chefs de l’école parisienne. Ce n’est pas la première fois (comme vous le pensez) que les Berlinois ont subi mon ouverture de Cellini ; je la leur fis avaler deux fois, il y a quinze ou seize ans, à mes concerts du théâtre. Je me rappelle même que notre ami Schlesinger, après la seconde audition, vint tout étonné me demander si cela était beau… Comme je ne voulais pas le tromper, je lui répondis que oui. Mais il ne me crut pas. Les critiques luthériens n’ont pas trop éreinté, dites-vous, le Pâtre breton. Ce sont des gens honnêtes, après tout, et en entendant l’accord de mi bemol :

notation musicale

ils sont franchement convenus que cet accord, bien qu’écrit par moi, n’était pas devenu faux. Notre maniaque de la Revue des Deux Mondes n’est pas de cette probité-là[1], et

  1. P. Scudo, dont il est question dans la Notice.