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XCIII.

AU MÊME.


Paris, 9 février 1858.

Cher Louis,

Le courrier des Indes part demain et j’ai tout juste aujourd’hui quelques instants pour causer un peu avec toi. Je suis bien impatient de recevoir de tes nouvelles ! Comment auras-tu fait cette longue traversée ? comment te portes-tu ? comment te trouves-tu à bord ? n’oublie aucun de ces détails. Ici, on ne va pas bien. Je suis, moi, assez passablement remis en ce moment ; mais ma femme est presque toujours au lit et fort souffrante, et se tourmentant beaucoup.

J’ai aussi une triste nouvelle à t’annoncer ; le pauvre M. Lawsson est mort ces jours-ci. Il s’est éteint sans agonie, sans souffrance, comme une lampe qui n’a plus d’huile. Mon oncle est toujours à Cannes en Provence.

Je travaille tant que je peux pour finir ma partition et j’avance peu à peu. J’en suis à cette heure au dernier monologue de Didon : « Je vais mourir dans ma douleur immense submergée. »

Je suis plus content de ce que je viens d’écrire que de tout ce que j’ai fait auparavant. Je crois que ces terribles scènes du cinquième acte seront en musique d’une vérité déchirante.

Mais j’ai encore modifié cet acte. J’y ai fait une large coupure et j’y ai ajouté un morceau de caractère, destiné à