Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/276

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encore. Dimanche dernier, j’avais à diriger au Conservatoire le concert de Litolff, un de mes amis d’Allemagne. Nous avions un orchestre modèle, le premier peut-être qu’on puisse entendre en Europe. Litolff m’avait demandé deux morceaux de ma composition : la Captive et la Fête de Roméo et Juliette. J’ai eu un succès prodigieux, fracassant ; que n’étais-tu là ! C’était un véritable tremblement de salle.

Le lendemain, lundi, je suis allé à la réception des Tuileries. L’empereur m’a vu, m’a abordé et m’a demandé des nouvelles de mon opéra ; je n’ai pas manqué de le prier de prendre connaissance du poème, et il m’a répondu que cela l’intéresserait beaucoup, que je devrais lui demander une audience pour cela. Elle sera pour la semaine prochaine. J’ai bien des choses à dire à l’empereur ; Dieu veuille que je n’oublie pas les plus essentielles !

Les chances paraissent peu favorables pour faire monter mes Troyens à l’Opéra. Il est question d’y donner l’an prochain un grand ouvrage d’un amateur, le prince Poniatowski !!!!!

Nous avons eu ici dernièrement des craintes très vives sur une guerre entre la France et l’Angleterre. Heureusement ces craintes sont tout à fait dissipées.

J’avais envoyé un billet à Alexis pour le concert de dimanche dernier ; je sais qu’il y était, mais je n’ai pas pu le voir.

Adieu, cher enfant, cher Louis, cher lieutenant ! continue à marcher sérieusement à ton but et tu l’atteindras. Je t’embrasse avec une affection qui semble s’accroître de jour en jour. Je te réembrasse.