Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lan. Rien ne me fait plus vivre que de voir l’enthousiasme des gens non blasés, compréhensifs, doués de sensibilité et d’imagination. Je m’amusais, dernièrement, à Vienne, à faire pleurer mes nièces de toutes les larmes de leurs yeux… Ce sont de charmantes enfants que j’aime comme si elles étaient mes filles et qui reçoivent les impressions de la poésie comme une planche photographique reçoit celle du soleil. C’est fort extraordinaire pour deux jeunes personnes élevées dans cette province des provinces qu’on nomme Vienne, et dans le milieu le plus antilittéraire que l’on puisse imaginer.

J’ai aussi le gros volume de mes Mémoires qui vous attend. Je vous le prêterai seulement, pour le temps que Massart et vous mettrez à le lire. C’est bien triste ; mais c’est bien vrai. Je suis honteux de n’avoir pas eu l’esprit de signaler dans ce long récit les douces heures que je vous dois et l’amitié sincère que je vous porte à tous les deux ; mais je viens de m’apercevoir que vous n’y êtes pas nommés. C’est inexplicable ; vous me battrez, vous me bouderez ; mais, à mon grand regret, c’est ainsi. Et je parle de tant de crabes ! Il est vrai que ce n’est pas pour les louer.

Ah ! voilà une crise qui me reprend !

Laissez-moi, madame, laissez-moi, je vous en prie ; laissez-moi donc, je ne puis plus écrire.

Adieu, mon cher Massart ; je vous serre la main.