Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/343

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Massart), parce que j’éprouve toujours un plaisir extrême à lire vos billets si bien tournés, si gentils, si amicaux. (Les puristes prétendent qu’il ne faut pas employer cet adjectif au pluriel masculin ; en conséquence, je l’emploie.) Cette fois, pourtant, vous m’avez fait me récrier dès votre première ligne. Vous m’appelez « cher maestro ! » Pardieu ! je ne suis pas maestro, ni quoi que ce soit d’italien. Si vous étiez là, je vous planterais mon grattoir dans le bras droit, si beau qu’il soit, pour vous apprendre à m’écrire des injures pareilles. Est-ce le bras qui est beau ou le grattoir ? N’importe. Je n’ai pas de rancune, et, dans quelques semaines, je ne penserai plus à votre vilenie.

Je suis à vos ordres le 20 février, tous les jours, à toute heure, et quand même je ne vous l’eusse pas promis. J’irai demain, jeudi soir, vous prier de me jouer la chose, pour que je me la fourre bien dans la tête.

J’ai été très malade hier ; j’ai crié comme un aigle, brait comme un âne, geint comme un petit chien, beuglé comme un veau ; on m’a apporté votre lettre, je n’ai pas eu le courage de l’ouvrir. Ce n’est que ce matin que je me suis donné ce plaisir. Jugez un peu…

Heureusement, je sais me résigner ; mes sentiments religieux me soutiennent. Si je n’en avais pas, je serais bien à plaindre…

Vous n’êtes pas venue aux quatuors Armingaud-Jacquart, l’autre jour. Pourquoi cela ?

Je vous porterai demain le volume des Mémoires ; vous y verrez pourquoi je suis d’humeur si gaie.

Tout à vous et à Massart ; mais ne l’appelez plus devant moi le père Massart, car cela me révolte et je me fâcherais tout bleu.