Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

soit avec celui du blâme, quand ils auraient envie de trépigner des deux pieds sur cet amas d’œufs de chats-huants et de dindons, sans grand danger pour les œufs de rossignols, tant ils sont rares aujourd’hui !… Et ne pouvoir enfin suspendre aux saules du fleuve de Babylone leur plume fatiguée, et s’asseoir sur la rive et pleurer à loisir !…

Quand je songe qu’aujourd’hui 3 juin, très-probablement, le commandant Page entre dans la baie de Papeïti ! que les canons de ses navires saluent la rive taïtienne, qui leur renvoie, avec mille parfums, les cris de joie des belles insulaires accourues sur la plage ! Je le vois d’ici, avec sa haute taille, sa noble figure bronzée par les ardeurs du soleil indien ; il regarde avec sa longue-vue la pointe des cocotiers et la maison du pilote Henry bâtie à l’entrée de la route de Matavai… Il s’étonne qu’on ne lui rende pas son salut… Mais voilà les canonniers accourant à droite et à gauche de la maison de M. Mœrenhout ; ils entrent dans les deux forts détachés. Feu partout ! Hourra ! c’est la France ! c’est le nouveau chef du protectorat ! Encore une bordée ! Hourra ! hourra ! — Et voilà les casernes qui se dépeuplent, les officiers français qui sortent précipitamment du café, et M. Giraud qui paraît sur le seuil de sa case, et tous, prenant ensemble la rue Louis-Philippe, se dirigent du côté de la maison du capitaine du port. Et ces deux ravissantes créatures qui sortent d’un bosquet de citronniers, où vont-elles en tressant rapidement des couronnes de