Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous un haut patronage, son absence y serait remarquée, et pour ne pas faire de scandale, il s’est enfin résigné. Vivier a obtenu un très-beau succès. On a trouvé seulement le menu du festin musical offert au public par le bénéficiaire un peu… menu. Il se composait d’excellente venaison et de beaucoup de noisettes : chasses à triples fanfares, par Vivier ; barcarolles, chansonnettes du répertoire de la musique facile, par M. Millet. Rien de plus.

Trois jours après, soirée intime chez l’Empereur, où Vivier a produit ses charges les plus inouïes, ses ingénieux proverbes semi-lyriques, ses idylles soldatesques, enfin tout son grand répertoire. Jamais soirée ne fut plus gaie ; Sa Majesté, qui cédait comme ses invités à une irrésistible hilarité, a plusieurs fois complimenté le spirituel violoniste-acteur-pianiste-mime-chanteur, sur l’incomparable originalité de composition de ses scènes et sur la verve qu’il mettait dans leur exécution. On a dansé pendant les entr’actes. À deux heures du matin, après le départ des danseurs et des danseuses, l’Empereur, qui avait fait une fausse sortie, est venu causer un instant avec les soupeurs. À deux heures et demie, nous nous sommes retirés, charmés de l’hospitalité impériale, fatigués de rire et d’applaudir, et à quatre heures je partais pour Bade.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À Bade, d’abord, première représentation d’un opéra français en deux actes, de MM. de Saint-Georges et Clapisson, intitulé le Sylphe. Les deux rôles principaux