Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/203

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tilations, la suppression de huit mesures dans le fameux chœur des Scythes : « Les dieux apaisent leur courroux », et les Inversions les plus tristement comiques dans le texte de la traduction. Celle-ci, entre mille, quand Iphigénie dit :

J’ai vu s’élever contre moi
Les dieux, ma patrie… et mon père.


la phrase musicale se termine par un accent douloureux et tendre sur « et mon père », dont il est impossible de méconnaître l’intention. Cet accent se trouve faussement appliqué dans l’édition allemande, le traducteur ayant interverti l’ordre des mots et dit :

Mon peuple, mon père et les dieux.


supposant qu’il n’importait guère que père fût devant ou bien qu’il fût derrière. Ceci me rappelle une traduction anglaise de la ballade allemande le Roi des Aulnes, dans laquelle le traducteur, par suite de je ne sais quelle licence poétique, avait jugé à propos d’intervertir l’ordre du dialogue établi entre deux des personnages. À la place de l’interpellation placée par le poëte allemand dans la bouche du père, se trouvait dans la traduction anglaise la réponse de l’enfant. Un éditeur de Londres, désireux de populariser en Angleterre la belle musique écrite par Schubert sur cette ballade,