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l’amour-propre pendant les répétitions. Elle consistait en deux aphorismes que j’ai retenus mot pour mot. La voici :

« On peut être un grand artiste et être poli.
Le moucheron peut quelquefois incommoder le lion.

Signé : Un amateur blessé. »


Que dites-vous de ce laconisme épistolaire ? et de la menace ? et de la comparaison ? Je regrette fort d’avoir blessé un amateur ; et, quel qu’il soit, je le prie de recevoir mes très-humbles excuses. En tout cas, si je suis le lion de l’apologue, il faut croire que le moucheron aura oublié sa colère, car depuis cette époque je ne me suis point senti incommodé.

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Je vous ai quitté ici, mon cher ami, pour écrire un article sur le dernier concert du Conservatoire. Ces corvées me paraissent un peu bien fréquentes ; et je commence à être las d’admirer. D’autant plus las qu’aux yeux de la plupart des Français pur sang, des Parisiens surtout, ce rôle d’admirateur est ridicule. C’est là, il est vrai, le dernier de mes soucis, et je me suis toujours donné le plaisir de rire largement des rieurs de cette espèce. Mais, franchement, le métier d’adorateur fatigue énormément quand on le fait en conscience. Après être resté prosterné à genoux pendant plusieurs heures à respirer l’encens, à chanter des Credo, des Gloria in excelsis, des Pange lingua, des Te Deum