Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/292

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laudamus, on sent un besoin impérieux de se lever, d’étendre ses jambes, de sortir de l’église, de respirer le grand air, l’odeur des prés fleuris, de jouir de la création, sans songer au Créateur et sans chanter de cantiques d’aucune espèce ; et même (ceci soit dit tout-à-fait entre nous), on se sent pris de l’envie de chanter toutes sortes de drôleries, telles que la charmante chanson de M. de Pradel par exemple : « Vive l’enfer où nous irons. »

J’admire fort (vous le voyez, j’admire encore ! ce que c’est que l’habitude !) j’aime beaucoup, voulais-je dire, le couplet suivant de cette gentille bacchanale :

Nos divins airs,

. Nos concerts,
Rempliront les enfers
De douces mélodies ;
. Tandis qu’au ciel,
.....Gabriel
Fait bâiller l’Éternel
Avec ses litanies !

Vive l’enfer, etc.


Voyez-vous le bon Dieu qui s’ennuie d’être adoré, et que Gabriel obsède avec ses chœurs d’orphéonistes célestes ! et qui bâille à se décrocher la mâchoire à s’entendre chanter éternellement : Sanctus, Sanctus, Deus Sabaoth ! Plaignons-nous ensuite, nous autres vermisseaux, racaille humaine, sotte engeance, plaignons-nous quand les Gabriel terrestres nous fatiguent seule-